Et si votre rapport annuel racontait vraiment votre vision ?

Par Elodie Seghers, directrice du Pôle éditorial (Ultramedia)

Longtemps perçu comme un document réglementaire contraint, le rapport annuel s’impose aujourd’hui comme un puissant outil de communication stratégique. À l’heure de la CSRD, du devoir de vigilance ou de la taxonomie verte, il ne se limite plus à un exercice de transparence financière : il devient un véritable levier de narration de marque, capable d'incarner une vision, une identité et un positionnement.

Une transparence encadrée… mais inspirante

La directive CSRD, en vigueur depuis 2024 pour les grandes entreprises, bouleverse les attendus : indicateurs ESG, double matérialité, données vérifiables… Le rapport annuel devient une vitrine de transparence. Mais derrière cette contrainte, une opportunité : celle de raconter une transformation, de rendre tangible une stratégie RSE et d’ancrer ses engagements dans la durée.Tout l’enjeu consiste alors à conjuguer rigueur réglementaire et narration inspirante. Exit le PDF indigeste, le rapport annuel devient un support narratif, vivant, qui rassure et inspire. 

Un outil pour toutes vos audiences

Souvent pensé pour des cibles institutionnelles ou financières, le rapport annuel s’adresse aujourd’hui à un écosystème beaucoup plus large : collaborateurs, candidats, médias, citoyens… Il devient un outil de marque employeur, un moyen de partager la vision et la culture de l’entreprise.. Ce repositionnement suppose de penser déclinaison (versions résumées, formats courts) et promotion (extraits sur LinkedIn, contenus social media, intégration dans la communication RH ou corporate).

Des formats pluriels, des usages repensés

Le rapport annuel n’est plus un monolithe. Il se décline, se fragmente, s’adapte aux usages. Le mini-site devient la norme, enrichi de vidéos, infographies et témoignages (ex. : Roche, 2024). Nespresso va plus loin, en proposant une plateforme modulable où chaque pilier stratégique (impact, climat, circularité…) fait l’objet d’un document dédié.

Autre tendance forte : l’accessibilité, à la fois en termes de formats et de ton. Decathlon propose plusieurs versions de son rapport, pour différents publics. Lego synthétise son rapport en une page « highlight ». Le rapport devient un objet que l’on consulte plus qu’on ne lit, pensé pour des parcours variés et une lecture fragmentée.

L’émotion comme levier d’adhésion

Face à la profusion de contenus corporate, certaines marques osent l’émotion, le récit, voire la rupture. Le rapport de Pierre Fabre (2024) fait la part belle aux portraits, au soin et à l’humain. Celui d’Adidas (2024) propose une expérience immersive primée. Et Oatly, fidèle à son ADN décalé, pousse le storytelling à son paroxysme avec humour et impertinence.

Enfin, la dimension sensorielle progresse, notamment chez les marques premium. L’Oréal signe un rapport au design ultra-soigné, conçu comme une expérience visuelle et tactile, en cohérence avec son positionnement.

Print vs digital : le bon dosage

Si le rapport annuel print n’a pas dit son dernier mot — notamment pour certains publics institutionnels ou en communication RH —, le digital s’impose pour sa modularité, son interactivité et son potentiel de réutilisation sur les autres canaux. La clé ? Penser écosystème d'information, pas format. Un bon rapport annuel est un contenu source, réutilisable, partageable, vivant.

En 2025, le rapport annuel est bien plus qu’un document réglementaire. C’est une prise de parole stratégique, au croisement de la transparence, de la narration et de l’expérience. Et si vous en faisiez, vous aussi, un manifeste de votre vision ? 
 

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