

Par Thomas Nardone, Directeur associé (Ultramedia)
9h03, lundi matin. Réunion SEO hebdo. Le consultant déroule ses slides : courbe en baisse, trafic en berne, position 1 remplacée par… une réponse IA. Personne n’a cliqué. Personne n’a vu le contenu. Et pourtant, le sujet était bon.
Dans la salle, un silence. Quelqu’un finit par lâcher : « Mais on écrit encore pour Google, là ? Ou pour ChatGPT ? »
En 2025, cette question n’est plus théorique. Elle s’invite dans les comités éditoriaux, les plannings de contenu, les arbitrages budgétaires. Faut-il continuer à optimiser pour les moteurs de recherche ? Ou faut-il se rendre à l’évidence : l’ère du SEO est derrière nous ?
Spoiler : non. Le SEO n’est pas mort. Mais il ne suffit plus d’écrire pour apparaître. Il faut écrire pour convaincre. Pour exister. Et surtout, pour être lu.
Google reste incontournable, mais il n’est pas seul
Aujourd’hui, les meilleurs contenus ne suffisent plus à garantir de la visibilité. On peut cocher toutes les cases du SEO classique — balises soignées, mots-clés bien placés, maillage interne fluide — et malgré tout, se retrouver hors radar.
Pourquoi ? Parce que l’écosystème a changé. Le moteur de recherche n’est plus la porte d’entrée exclusive. ChatGPT, Gemini, Perplexity : ces nouveaux assistants conversationnels siphonnent l’intention de recherche avant même que Google ne clignote. Et ce n’est qu’un début.
Une étude menée par Gartner prévoit que d’ici 2026, le trafic de recherche va diminuer de 25 %. Et ce mouvement s’accélère. Google a déjà lancé la Search Generative Experience (SGE), un format de recherche plus conversationnel et synthétique, où les réponses sont directement générées par l’IA, parfois avant même les liens bleus traditionnels.
Faut-il, pour autant, jeter le SEO avec l’eau du clic ? Certainement pas.
SEO en 2025 : focus sur la qualité éditoriale, pas sur les mots-clés
Mais il faut changer de prisme. Le SEO de 2025 ne repose plus sur l’empilement de mots-clés, mais sur la qualité éditoriale. Sur la structure logique du contenu, sa lisibilité, sa capacité à répondre précisément à une intention. Ce n’est plus du Search Engine Optimization, c’est de l’Information Optimization. Et cela ne concerne pas que Google.
Les modèles d’IA ont besoin de contenus bien structurés pour comprendre. Les lecteurs, eux, ont besoin de clarté pour faire confiance. Et au croisement des deux, il y a la marque : ses contenus, ses expertises, son tone of voice.
L’importance de l’expertise et de l’authenticité dans un monde saturé d’IA
Dans un environnement saturé de textes générés par des IA, ce qui fait la différence, c’est l’empreinte humaine. L’expertise réelle. Le point de vue assumé.
Les moteurs comme les IA savent désormais repérer les signaux faibles de qualité : un angle clair, un ton singulier, une information hiérarchisée et compréhensible, des sources fiables et citées.
À l’inverse, ils pénalisent les contenus creux, génériques, recyclés. Les IA savent les détecter. Les utilisateurs les ignorent. Les algorithmes les enterrent.
C’est cela, l’avenir du SEO : écrire pour créer de la valeur, pas pour remplir une case. Offrir des réponses nuancées, ancrées dans une réalité, enrichies d’un point de vue. Et ce, que le contenu soit destiné à Google, à ChatGPT, ou aux deux.
Dans ce nouveau paysage, la meilleure stratégie n’est pas technique. Elle est éditoriale. Il ne s’agit plus de produire plus de contenus, mais de produire mieux. D’oser la singularité. De travailler la lisibilité. De simplifier sans appauvrir. D’incarner le propos. Et surtout, de mériter la confiance du lecteur avant celle de l’algorithme.
Le SEO n’est pas mort : il a retrouvé son sens profond
Et si l’IA générative obligeait donc les marques à produire des contenus utiles, crédibles, différenciants ? Pas des tunnels de texte. Pas des articles générés à la va-vite. Mais des prises de parole qui engagent. Qui éclairent. Qui informent. Qui font autorité.
Car c’est bien là que réside l’enjeu de demain : dans la capacité à devenir une source fiable. Une voix reconnue. Une référence. Dans un monde saturé de contenus, l’attention se gagne par la rigueur. Et la fidélité par la confiance.
Le vrai sujet aujourd’hui, ce n’est plus de « plaire à Google ». C’est de mériter sa place dans l’écosystème informationnel.
En 2025, le SEO n’est pas mort. Il a muté. Il est devenu une discipline plus fine, plus exigeante, plus stratégique. Et surtout, il nous rappelle une évidence : ce ne sont pas les algorithmes qui lisent. Ce sont les humains. À nous d’écrire pour eux.