« Quand on a 20 ans, on ne fait pas comme la génération d’avant »

Par Jeanne Camuset, Directrice conseil (Ultramedia)

Qui est cette nouvelle génération Z – celle née dans les années 2000 – qui fait tant parler d’elle ? Pourquoi intrigue-t-elle autant le monde de l’entreprise qui s’efforce de la décrypter pour mieux la recruter ? Et si cette génération venait nous rappeler que c’est le propre de la jeunesse que de contester la société pour mieux la faire évoluer...

Ils ont moins de 25 ans. Ils ont reçu le confinement de plein fouet, se sont ennuyés ferme pendant la Covid-19 et sont actuellement en plein « rattrapage ». Alors pour leur entrée sur le marché du travail, ce sera à leurs conditions.

Mais que veulent-ils au juste ? Comment vont-ils s’y prendre pour rendre le travail plus désirable ? Une chose est sûre, ils visent le court terme, détestent s’ennuyer et veulent des métiers où ils s’épanouissent personnellement. Ils recherchent des missions plutôt qu’une carrière et préfèrent leur liberté à un CDI, jugé trop engageant. Ils ont aussi compris qu’ils tenaient les rênes et qu’il y avait urgence. Une urgence climatique et sociale. Contrairement à la génération silencieuse précédente, ils ne mettront pas les pieds dans une entreprise dont ils ne partagent pas les valeurs.

Sauf que ces entreprises ont besoin d’eux, et perdent parfois le nord face à ce changement de paradigme. Le cadre RH qu’elles ont mis en place ne colle plus aux aspirations de cette nouvelle génération qu’elle veut recruter et fidéliser. Alors elles s’efforcent de poser leur grille de lecture sur cette génération Z, comme pour se rassurer...

Les Z, au travail !

Alternativement qualifiée de « motivée », « désabusée », « ultra-connectée », « consumériste » et « écologiste », la génération Z fait l’objet de nombreuses études. Mais peut-on résumer une génération en quelques termes parfois contradictoires ? Pour comprendre sa relation au travail, il faut d’abord comprendre sa façon de faire société. Cette génération est avant tout vive, incisive et indocile. C’est la définition même de la jeunesse, une constante dans l’histoire. Dans ses travaux, le sociologue Karl Mannheim, grand théoricien des générations, expliquait que « la société est construite pour se reproduire et qu’il faut qu’il y ait un défaut dans ce processus-là pour que les générations soient différentes ».
Quand on a 20 ans, on ne veut pas agir comme ses aînés. Et un des grands sujets de transformation sociétale de notre époque, c’est la relation au travail. C’est d’ailleurs la seule chose qui n’a pas été disruptée à la fin du XXème siècle, quand les mœurs sociales, le schéma familial traditionnel ont été bouleversés.
Pour autant, le monde du travail est-il sur le point de craquer ? Disons plutôt qu’il est condamné à évoluer. Un certain nombre d’entreprises mènent déjà des chantiers pour redéfinir leurs valeurs, leur raison d’être, leur marque employeur. C’est le cas de Google et de sa promesse « Do cool things that matter » (Faites des choses cool et qui comptent ! »), une formule qui connecte enjeux business et collaborateurs. Ou encore Dell et sa marque employeur : « You thrive, We thrive » (« Vous vous épanouissez, nous nous épanouissons »).

Côté canaux de communication, les usages ont déjà changé afin de pouvoir toucher ces jeunes consommateurs de contenu à la carte. 79 % des candidats de moins de 35 ans utilisent les réseaux sociaux dans leur recherche d’emploi. Alors les entreprises s’adaptent. LVMH détourne les codes des applications de matching affinitaires type Tinder et créent des quiz où les candidats sélectionnent les valeurs qu’ils recherchent, notamment celles « d’artisans visionnaires », en lien avec la promesse employeur de Vuitton. SNCF s’est, elle, lancée sur TikTok avec une campagne où sept talents présentent leur métier tels qu’électricien haute- tension ou conducteur de train, dans un format vidéo au montage énergique. L’entreprise n’hésite pas non plus à s’entourer d’influenceurs pour publier des vidéos au ton humoristique générant des milliers de vues.

À partir de 2025, la majorité de la génération Z arrivera sur le monde du travail. Ces salariés auront de nouveaux leviers de satisfaction, demanderont un management adapté. Ils doivent trouver leur voie dans un monde en déclin... ou en devenir. Ce sont eux qui peuvent tout changer. Et si nous écoutions ce que le monde d’après veut nous dire ?

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